Démarche artistique

« Ma démarche artistique se veut avant tout proche des gens. J'aime décrire les comportements dérivants ou ordinaires, liés à notre existence et principalement aux sociétés excessives et hyperindustrialisées comme la nôtre. L’objectif est de confronter le spectateur à sa propre image voire à son comportement qui est devenu banal et routinier et de le faire réfléchir sur ces derniers. . J'aime parfois utiliser des objets, parfois trouver des métaphores pour faire passer mon message et, très souvent, le tout est englobé d'une pointe d'humour et/ou de provocation. Dans mon travail, un point commun, un objet ou sujet qui vous parle : un ticket de caisse, de métro, un objet usuel représentatif, comme ma série sur les casques d'ouvriers et le capitalisme. C’est un lien que je souhaite entretenir car je ne peux imaginer l'art loin de ce qui le fait vivre. Travaillant très souvent sur la figure humaine de manière souvent imagée, métaphorique, voire caricaturale, elle me permet aussi d'avoir ce lien "nous" et donc une part d’autodérision. Le plus souvent, mes travaux portent sur des plans en 2D pour m'exprimer artistiquement, mais j'aime aussi aborder les volumes »

A propos

Milan Medić est un artiste peintre sculpteur français originaire de l’ex Fédération Yougoslave. Il ne mâche pas ses mots dans son art. Frontal il ne prend pas de pincettes, ne perd pas de temps, sûrement car il a déjà connu très jeune le sentiment de perte d'un être cher, sa patrie, qui ne peut être remplacée. Durant le conflit, avec ses parents, il a dû retourner là-bas, dans leur maison en Croatie, en sachant que ce n’était plus leur place. "Et oui, les serbes en Dalmatie ne sont pas appréciés au final" c’est ce qu'il se dit quand il repense au soir où, après avoir défoncé la porte d'entrée, un voisin (un ami de longue date qui mangeait à leur table) et tout le village les chassaient de chez eux, les sommant de partir dès le lendemain matin. Son père a dit ce jour-là en tenant la porte dégondée entre ses mains (façon tragi-comique, comme dans un film du fameux Emir Kusturica) "tu ne tueras pas un serbe mais un français".

Cette déclaration leur avait peut-être sauvé la vie car à l'aube ils sont partis pour un périple mémorable à travers des barrages, des ponts flottants, la milice, des groupes armés, et il a conscience d'être toujours là quand beaucoup sont morts. Pourquoi raconter cela ? Il avait dix ans, ça l'a marqué et il a compris énormément de choses suite à la chute de la Fédération. Cela a certainement influencé son travail ; oui, il est dur ! Oui, il est dérangeant ! Oui, c’est vrai mai après tout, ceci explique peut-être cela. Il vit et travaille actuellement dans la région parisienne. Ayant intégré les Beaux arts à Versailles assez tard de par son parcours atypique ; il a néanmoins une base qui donne de la consistance à son travail. L'académisme que peut apporter ce genre d'établissement n’a pas corrompu sa liberté artistique. Il nous parle spontanément dans son art figuratif de la vie moderne, les excès et comportements dérivant de nos sociétés hyper industrialisées. Le plus souvent il s’en moque, avec une touche d’humour noir.

Il ne se pose pas en juge, c'est aussi une auto-critique.

Milan a développé des concepts dans l’art, notamment l’art à la coupe. Il découpe littéralement son art, le vend à la pièce numérotée sur des étagères comme sur une gondole promotionnelle de supermarché et affiche une réplique de l'œuvre grand format au mur (Le pape de Velasquez, Le Martyre de saint Philippe de Ribera ...) sûrement inspiré par ses études dans le commerce et son expérience de la grande distribution. Il descend l’art de son piédestal et le désacralise, il référence sur un site web avec des pointeurs de localisation chaque pièce autour d’une carte Google map. Dans ses œuvres de jeunesse il a également utilisé des objets courants de la consommation (des tickets de caisse) qui lui permettent d’avoir un lien avec le public, très important chez lui ! Il ne peut imaginer l’art sans interaction, sans ce lien précieux.